Le DGEQ vient-il de modifier les règles de la participation citoyenne à laquelle nous nous étions habitués? En envoyant une mise en demeure à Équiterre, l’enjoignant de retirer son analyse des programmes des partis politiques en matière d’environnement, le DGEQ vient ébranler une certaine tradition de nombreux intervenants de la société civile qui consiste à inviter des représentants de partis à débattre, à participer à des rencontres, à remplir des questionnaires.
Difficile de dénombrer le nombre d’événements ou d’actions à caractère politique qui sont organisés à travers la province durant une campagne électorale. Certains avec des objectifs très généreux qui visent à rendre plus visibles des thématiques complexes qui ne se retrouveraient jamais sur la place publique autrement; d’autres, comme la majorité des rencontres dans les chambres de commerce, qui sont des activités de financement lucratives pour l’organisateur.
Cette année, le DGEQ semble vouloir tracer un trait. On ne sait pas encore précisément ce que ce trait délimite, mais assurément le trait est en gros BOLD, et ses implications seront importantes : « Un citoyen qui compilerait sur son blogue personnel – pour lequel il paie des frais d’hébergement – les promesses électorales des quatre partis politiques, sans les commenter ou les comparer, s’exposerait-il au même traitement de la part du DGEQ? «Oui», a confirmé Pierre Reid à deux reprises lors d’une entrevue téléphonique avec le HuffPost Québec mercredi après-midi. »
Dans un tel scénario, l’espace de débat citoyen vient de fondre radicalement.
On peut s’interroger : en demandant spécifiquement à Équiterre de retirer de ses serveurs les documents litigieux, en faisant le même type de demande à la CSQ – qui avait fait une analyse comparée des programmes des partis – , en affirmant que tout citoyen pourrait faire l’objet d’une même mise en demeure s’il mettait en ligne certains documents qui analysent les partis, le DGEQ semble cibler très spécifiquement les nouveaux supports numériques.
Des informations de très haute qualité, impartiales, minutieuses sont générées par la société civile. La couverture des élections ne peut être réalisée par les seuls médias. Surtout pas aujourd’hui au moment où les médias d’information sont affaiblis et n’ont pas nécessairement les moyens de suivre les campagnes, les conférences de presse, produire des débats, faire des analyses de fond. Surtout plus aujourd’hui où les capacités d’analyse sont partout dans la société civile et les moyens de diffusion accessible et sont peu coûteux, voire gratuit.
Ne pas permettre ce canal (à l’intérieur de balises précises), c’est laisser toute la place aux rumeurs, à la désinformation et aux fake news, plutôt qu’une information juste et impartiale. C’est mettre le couvercle sur des bénéfices tangibles de la culture des données.
Le DGEQ devra refaire ses devoirs de toute urgence et mettre son calendrier à l’an 2018.
Nos questions…
Ce petit préambule pour indiquer que notre démarche entamée auprès des partis politiques, pour qu’ils répondent à notre questionnaire, se poursuit.
Toutefois, pour qu’il soit clair que nous n’engageons aucuns frais d’aucune sorte, nous ferons paraître les réponses sur la plateforme Medium, qui est gratuite. Aussi ridicule que ça. Dommage!
La publication des réponses débutera ce week-end.
D’ici là, stay tuned!
Photo by Agence Olloweb on Unsplash
La discussion est ouverte