Les vidéos du Parti Libéral largement plus consultées

Si le nombre de visionnement des vidéos était représentatif des intentions de votes, on pourrait s’attendre à l’élection d’un gouvernement libéral. Majoritaire même. Malheureusement pour le Parti Libéral, ce n’est pas comme cela que ça fonctionne.

L’impact des vidéos libérales est largement plus fort que ce que réussissent à faire les autres partis. C’est principalement la semaine dernière que s’est creusé un écart quasi insurmontable. En effet, durant la dernière semaine le nombre de visionnements des vidéos libérales sur Youtube est monté en flèche, comme le montre le tableau suivant.

Videos liberaux sur Youtube
Tableau : canal libéral sur Youtube


 
Deux raisons à cette croissance exceptionnelle
 
1. La vidéo accusant les conservateurs d’avoir plagié les conservateurs australiens dans un de leur discours, a été largement repris dans plusieurs médias. Ce vidéo est de loin le plus populaire de tous les vidéos de tous les partis (5 octobre: 41 000 visionnements).

2. Le Parti Libéral a aussi lancé i.Liberal.ca la semaine dernière. Un site qui regroupe l’ensemble des productions vidéos libérales, un accès rapide à quelques réseaux sociaux (MySpace, Facebook) et sites de partage (filkr et Youtube), ainsi que quelques widgets pour les blogueur sympatisants qui voudraient intégrer du contenu du parti. Cette initiative semble dirigée principalement vers une clientèle jeune.

Sans présumer aucunement que le parti est en voie d’attendre son objectif, il est évident qu’il a contribué fortement à augmenter la consultation des vidéos libérales.

 
Et comparativement aux autres

Si une image vaut mille mots, que dire qu’un graphique. Celui-ci illustre la distribution de la consultation des vidéos diffusées via Youtube depuis le début de la campagne. On voit très nettement l’écart creusé par les libéraux.

Videos liberaux sur Youtube

Voici un autre tableau montrant le nombre de visionnements et de vidéos diffusées sur Youtube depuis le début de la campagne.

Partis politiques Visionnements Vidéos
Libéral 139 620 91
NPD 99 459 71
Conservateur 58 271 18
Vert 22 094 23
Bloc 8 005 70

 
Je rappelle que ces chiffres ne tiennent pas compte des vidéos diffusées autrement que par Youtube. Le Bloc québécois, le Parti Libéral et le Parti conservateur diffusent de leur site une grande partie des vidéos produites, sans le recours de Youtube. Pour une image exacte de la consultation des vidéos, il faudra ajouter ces visionnements.

(2) Campagne 2008: Agissez… qu’ils disent

Poursuivons les notes de campagnes débutées la semaine dernière ( Contactez-nous… qu’ils disent). Peut-être vais-je vous surprendre un peu plus cette fois-ci. Personne n’était tombé en bas de sa chaise en apprenant que 24 heures après l’envoi d’un courriel, seulement 2 partis avaient répondu à une demande pourtant très simple. Cette fois-ci, si je vous demandais quel parti utilise le plus et le mieux le Web pour mobiliser ses sympathisants, vous penseriez à qui en premier ?

La mobilisation est la pierre angulaire de tout travail électoral. Aucun parti sans militants, Aucune victoire sans un travail acharné de bénévoles. Il serait donc normal de retrouver sur le site des partis une section dédiée aux sympathisants. À titre d’exemple, on peut explorer les sections développées par les candidats présidentiels américains pour voir jusqu’où on peut pousser l’appel à la mobilisation, et comme elle est soutenu par ces organisations (Barack Obama and Joe Biden, McCain-Palin 2008).

Internet peut s’avérer un moyen à la rapide, économique, et simple de chercher l’appui de membre, de consolider son membership, de recruter des bénévoles, de gérer les contacts, mais aussi d’orienter la mobilisation, de galvaniser les troupes, de diffuser son message par l’intermédiaire de ces premiers supporteurs.

Il serait donc normal de retrouver sur chaque site une section pour guider les sympathisants qui voudraient donner un coup de main… ou les incitant à le faire. Tous les partis fédéraux ont quelque chose qui s’apparente à une telle section. Enfin presque tous… On y reviendra.

Alors? Vous avez deviné quel parti a la section la plus efficace? Le parti Conservateur. Avec toutefois, une mention très honorable au NPD. Mais avouons que l’effort est bien en-dessous de ce qu’il devrait être. J’y reviendrai dans la deuxième partie de ce billet (à venir).

Pour l’instant, regardons ce qu’offre les différents partis.

 
Parti conservateur

On retrouve sur le site du Parti Conservateur une grande zone appelée maCampagne (myCampaign). Cette section s’inspire directement de la Campaign Action Center qu’on retrouve sur le site de John McCain.

MyCampaignOn retrouve les classiques sections pour contribuer au financement du parti, écrire à des amis et connaissances, pour devenir travailleur d’élections, etc.

Là où le parti innove et se distingue des autres fédéraux, c’est en offrant une véritable section vouée à guider, inciter les partisans du parti à prendre action. Exemple: un outil pour aider les sympathisants à intervenir dans les lignes ouvertes. Vous êtes de Montréal et la question de l’allégement fiscal vous tient à cœur, le site vous fournira, en fonction de votre code postal, l’horaire des émissions de votre région où vous pourrez vous faire entendre ainsi qu’une liste d’arguments qui vous aidera à défendra la position des conservateurs… euh! non votre position. Vous préférez écrire aux journaux ? Qu’à cela ne tienne Même chose pour écrire aux journaux.

Parlez-en aux rédactions des médias et aux lignes ouvertes, si elles reçoivent des courriers et appels défendant les positions conservatrices.

Le Parti conservateur est le seul (et probablement le premier au Canada) à véritablement utiliser le Web pour outiller les sympathisants afin de les mettre dans l’action. De visiteurs passifs, ils peuvent devenir des militants actifs.

Même la section des lettres d’appuis est faite de la même manière, en proposant des grands thèmes que vous êtes invité à sélectionner. Une lettre assez bien écrite vous sera soumise pour être envoyée à vos amis et connaissances.

Tout le principe derrière cette section est d’utiliser les sympathisants au combat quotidien. Pour argumenter le voisin, le marchand du coin, la belle-soeur; pour disséminer les arguments conservateurs à la radio, et un peu partout sur la place public. En fait, contribuer à soutenir très concrètement un effet grassroot, créer l’impression que l’argumentaire conservatrice jaillit spontanément de la population. Le parti conservateur outille ses partisans, et utilisent le web pour ce faire.

Il y a bien sur un gros hic dans cette belle mécanique. Ayant ouvert un profil maCampagne, je n’ai jamais reçu aucun rappel m’invitant à prendre acte, à retourner vers le site, à devenir aussi actif que le site me permettrait de le faire. Il faut donc une bonne dose de motivation pour vraiment utiliser cette section. C’est d’ailleurs surprenant de constater qu’un parti ait investi dans une telle section sans jamais rien mettre en place pour s’assurer que tous les intéresser y viendront et reviendront.

Je reviendrai de toute façon prochainement sur la question de l’utilisation du courriel (alertes, rappel, bulletins) par nos grands partis. Utilisation qui reste un grand mystère pour moi… tout comme ça semble être un grand mystère pour eux.

 
Bloc Québécois

Manifestement au Bloc on préfère parler entre bloquiste que d’envoyer les sympathisants vers les autres. Convaincre les mous, les désillusionnés, les indécis, ou mieux se colletailler avec l’adversaire? Pas cette fois, du moins pas avec le Net. Au Bloc, on blogue. Ce qui est une excellent initiative, mais qui reste somme toute une action fort passive, et tournée vers soi, durant une campagne si courte, alors que la tâche première serait peut-être convaincre les autres.

On retrouve sur le site du Bloc, bien sûr ce qu’il faut pour faire un don au parti ou devenir membre. Mais pas de section pour encourager les sympathisants à l’action. Qu’un formulaire pour inviter les visiteurs à inviter un ami. Un simple formulaire très très vide où tout est à faire. Pas très incitant.

Le Bloc a donc complètement évacué de sa stratégie Web tout volonté de transformer le visiteur-sympathisant en webacteur durant la campagne. J’aimerais bien qu’on m’explique.

 
Parti Libéral

Une section tout ce qu’il y a de plus classique, de base, est disponible sur le site du parti libéral. Soyez bénévole (qui conduit vers un formulaire… pour devenir membre), Contribuez (qui conduit vers un formulaire… pour faire un don), Devenez membre (qui conduit vers un formulaire… pour devenir membre), Installez une pancarte (qui conduit vers un formulaire… pour recevoir une pancarte), Diffusez le message libéral (qui conduit vers un formulaire … pour inviter des amis – avec un message qu’on ne veut vraiment pas envoyer à ses amis), et s’abonnez au bulletin ( qui conduit vers un formulaire… pour je vous laisse deviner pourquoi). Le Parti Libéral n’en veut pas plus, il n’en fait pas plus.

Assurément, au Parti libéral on aime les formulaires. On est très loin ici aussi de l’action dirigée. Et il faut une bonne dose de conviction de la part d’un visiteur pour se trouver intéressé à participer.

 
NPD

Le NPD avait jusqu’à tout récemment pour seul contenu dans la section Agissez, l’abonnement au bulletin, l’adhésion au parti et la possibilité de faire un don. Rien pour révolutionner le Web.

MyCampaignPourtant, il s’est montré plus innovant que les autres partis en ouvrant l’Espace Orange en cours de campagne. Cet espace est voué à la diffusion du message néo-démocrate sur les réseaux sociaux et les blogues. Les sympathisants sont invités à contribuer avec leurs propres vidéos et photos. Cette initiative est indéniablement tournée vers une clientèle jeune, vers un électorat qui utilise les réseaux sociaux . Je ne crois pas que cette section ait pour objectif la mobilisation, elle entièrement orienter pour attirer une nouvelle clientèle avec de “nouveaux outils de participation”.

Le NPD a même poussé l’originalité de cette section jusqu’à développer une application sur Facebook.

Je ne crois que ni l’espace Orange ni leur application Facebook ne remportent de concours de popularité mais il est indéniable que le NPD gagnerait le concours de l’effort et de la créativité pour cette section.

 
Parti Vert

Au Parti Vert aussi on aime les formulaires. On peut participer en laissant son nom pour devenir bénévole, on peut aussi devenir membre et faire une contribution. On peut même aussi demander une pancarte. Mais ce qui est de l’action, on repassera; on jurerait que l’organisation de cette section a été pensé par un conseiller libéral. Du moins, pour ce qui est de ce qu’on peut voir. Leur site étant construit sur CivicCRM, un puissant outil pour les grands groupes militants, il est tout de même possible de croire que d’autres outils sont fournis aux membres pour s’organiser… mais rien ne transparait sur le site.

(suite… à venir)

Le débat, les partis et… les courriels

En préparation du débat pour la campagne présidentielle, j’ai reçu toute une série de courriels de la part des partis démocrates et républicains. La journée même, chacun des partis m’a envoyé un rappel signé par John McCain et Joe Bidden pour m’expliquer les enjeux qui seraient discuter. Dans les heures qui ont suivi le débat, nouveaux courriels de John McCain et Barack Obama m’interprétant ce que qui s’était passé.

En bref, le courrier électronique est énormément utilisé durant la campagne américaine. Cette semaine, je reçois au minimum un courriel par jour de chacun des partis américains, très souvent deux.

Je me serais attendu à retrouver un peu de cette vigueur de la part de nos partis. Surtout à l’approche du débat. Seul le Bloc québécois et le Parti vert ont pris cette initiative de m’écrire le jour du débat. Je rappelle que ce sont les mêmes qui avaient répondu à mon courriel dans les 24 heures.

À regarder le peu de courrier électronique reçu de la part des partis politiques depuis le début de la campagne, tout envoi confondu, je me demande vraiment si certains partis politiques n’auraient pas tout simplement oublié d’équiper leur équipe de communication d’une connexion Internet. Sérieux. C’est catastrophique.

Il faudra bien un jour que j’écrive un billet sur le principe du fil à la patte, juste pour les responsables Web des partis politiques. Tiens, c’est décidé, je le fais bientôt. Promis!

 

Pourquoi j’ai aimé buzzzer durant le débat…

Durant le débat des chefs, j’ai été parmi les quelques privilégiés qui ont pu se connecter et voter sur les paroles des chefs politiques, sur Buzzz.tv. Un problème de serveurs qui a limité l’accès à seulement 200 usagers.

Toute la soirée, je prenais des notes pourquoi j’aimais cette expérience. J’ai noté… parce que ça rend l’écoute active… parce qu’on a la sensation d’écouter le débat en groupe et de partager tout de suite les réactions, parce qu’on peut avoir des outils statistiques remarquables….

J’ai enligné ainsi des dizaines de raisons. Mais après le débat, durant le téléjournal, lorsque j’ai écouté les analystes, j’ai vraiment compris pourquoi j’avais tout de suite aimé cet outil. Ces analystes vivent de l’autre côté du miroir, ils connaissent trop bien les chefs, les faits, et les secrets de chacun. En les écoutant, j’avais l’impression qu’on avait pas entendu le même débat. Malgré leur brio, la finesse de leur analyse, ils finissent tout de même par établir un verdict qui relève de la perception. Une perception biaisée par leur position de proximité avec ces chefs.

Avec Buzzz.tv, c’était clair que tous nous écoutions le même débat. Les moments forts avec beaucoup de votes, les moments faibles avec peu de votes.

À la question qui est sorti gagnant d’un débat, celui qui a marqué le plus de points sur la population, je crois qu’un outil comme Buzzz.tv a plus de chance de faire sortir les grandes tendances que tous les analystes réunis. Perception pour perception, la somme des perceptions des participants est probablement plus juste que la perception des analystes, malgré leur grand brio.

Reste maintenant à faire fonctionner Buzz.tv avec une très large audience. Parce que pour être valable, un tel outil doit vraiment rejoindre une grand grand nombre de personnes….

Belle expérience, malgré les problèmes.