La Zone Audio – Vidéo de Radio-canada.ca, question de culture!

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J’aime beaucoup la radio de Radio-Canada. Au grand dam de mes enfants, la radio de l’auto est scotchée sur la Première Chaîne, et il leur faut exercer leurs talents de négociateur pour me faire changer de chaîne. Pour la télé, c’est pareil.

Zone Audio - videoDonc, je ne peux qu’être heureux que la SRC ait beaucoup investi, depuis des années, pour rendre disponible cette masse impressionnante de contenu audio et video dont elle dispose. Et cela ne pouvait être qu’une très bonne idée de remplacer la plate-forme ZapMédia qui permettrait depuis le début d’accéder à ce contenu multimédia.

Après quelques semaines d’utilisation de la Zone Audio-Vidéo, je suis très déçu. La SRC qui a pourtant ressources, contenus et know how, me donne l’impression de n’avoir fait qu’un petit pas.

Et je ne parle même pas du choix technologique douteux (ActiveX) qui a déjà été largement très commenté un peu partout (par exemple : ici, , et même énormément sur le Carnet techno de Bruno G.).

Je limite mes commentaires à trois grands aspects.

Partage

La SRC produit un contenu immense. Quantité et qualité sont au rendez-vous. Un contenu riche qu’on voudrait faire connaître. Lorsque par exemple, j’entends un extrait audio ou regarde un reportage, je pourrais voudrais le faire connaître à ceux qui partage mes intérêt. C’est un réflexe largement répandu sur le Web depuis longtemps. La Zone Audio-Video est aux antidotes de cette vision. Tel qu’elles sont présentées, les capsules audio ou vidéo n’ont pas la possibilité de bien voyager sur le Web. Un usager n sera pas encourager à transmette sa trouvaille à un autre usager.

Toute les plates-formes de vidéo grand public proposent différentes façon de partager les vidéo consultées. Url unique, code pour embeder les capsules vidéos, option de partage (par courriel ou sites de partage de marque-pages comme del.icio.us, … ), etc… Beaucoup d’options sont offertes pour s’assurer que les capsules vidéos ou audios qui intéressent soient connues et se propagent entre les usagers.

La Zone n’encourage pas ce partage. On nous dira probablement que cela répond à des complexes exigences légales. J’ai des doutes.

Prenons illustrer mon propos, comparons un même document vidéo (une entrevue de Mme Marois donnée à Radio-Canada pour son couronnement) disponible sur La Zone et Youtube.

Radio-Canada distingue chaque capsule par une adresse unique, ce qui est excellent. Mais cette url est interminable (il m’a fallu la couper pour la rendre lisible sur le blogue). Et celle-ci n’est jamais proposée à l’usager sur la page de la capsule pour l’encourager à la distribuer; l’url n’apparait que dans la barre de navigateur. En comparaison, on verra que sur Youtube, une adresse simple est facilement repérable pour distribuer de même que le code si on veut l’embeder dans une page Web.

Radio-Canada a un contenu unique; il est incompréhensible qu’elle exploite si mal ce contenu en ne favorisant pas sa distribution. Bien que Radio-Canada soit un grand joueur sur le Web, on sent dans ses choix tout le poids de sa culture de diffuseur traditionnel qui reste imperméable à la philosophie de distribution propre au Web. Par définition, le diffuseur traditionnel programme ce qu’il diffuse, alors que sur le Web, l’usager peut déjouer ou détourner par ses préférences ce qui avait été prévu par les éditeurs. On s’étonnera ensuite que les capsules se retrouve sur les autres plate-formes…

En modifiant son approche, Radio-Canada ferait 3 gains directs: accroissement de la consultation de ses documents audio-video, meilleur connaissance des préférences de ses usagers, meilleur contrôle de son copyright (moins de repiquage sur les plates de forme de diffusion à la youtube).

partage sur Youtube

Repérage

Je le répète, il y a une grande quantité de documents audios et vidéos. Malheureusement, la Zone ne fournit pas les outils nécessaires pour les retrouver. Trouver une capsule dans ce magma tient de l’acharnement. Le système de recherche n’est pas adapté à la quantité de documents disponibles. En fait, il pourra satisfaire si on recherche quelque chose de précis (par exemple, si je recherche telle entrevue passée dans le cadre de telle émission), mais n’est pas du tout adapté pour nous aider à découvrir des nouveaux documents.

C’est un défi pour tout moteur de recherche de proposer un classement des documents à consulter afin de répondre aux différents besoins de ses usagers. Pour cela, les sites de partage de vidéos ont ajouté toute une série d’options pour nous aider à découvrir les documents. Votation, statistiques de consultation, tags, les « Related Videos », etc. L’offre de recherche de la Zone Audio-Video de Radio-Canada est faible: l’espace de résultat est trop réduit et les options de tris supplémentaires sont déficientes.

L’équipe de développement aurait intérêt à revoir complètement cette section de recherche et la gestion des résultats. Il est, en autre, inutile d’essayer de retenir les résultats de recherche dans un espace si petit. S’il vous plaît, occupez l’espace actuel avec les options de recherche et faites apparaitre les résultats de recherche dans une nouvelle page qui permettra d’explorer, de trier, de filtrer. Prenez exemple de la simplicité de DailyMotion et de Youtube.

Radio-Canada offre pour la découverte de capsules vidéos un section Vous aimerez aussi. Cette section qui occupe une place normalement occupée par les « Related Videos » propose une sélection de vidéos qui n’a rien à voir avec le document consulté. Il s’agit plutôt d’un choix imposé de capsules n’ayant aucun lien avec le contexte (encore cette culture de diffuseur traditionnel, appelons cela le syndrome de la programmation). Pour l’exemple donné plus haut (les vidéos de Pauline Marois sur SRC et sur Youtube), la SRC me propose quatre documents qui non rien à voir avec l’objet de ma recherche, alors que sur Youtube, on me propose une série de documents tous liés à ma recherche. D’après vous, sur lequel des deux endroits je suis le plus susceptible de poursuivre mon exploration ?

L’équipe doit ici revoir sa stratégie. Elle aurait aussi à méditer le conseil d’Éric Baillargeon,

Mais le pire, c’est que dans la grande majorité des émissions, une transcription texte est obligatiore dans les émissions de télé transmisent nationalement. C’est le « closed captioning » que l’on voit défilé en bande texte dans le bas de l’écran pour les malentants. Alors où sont ces transcriptions sur le Web chez Radio-Canada ?

Nous payons un fort prix pour les sténos et pour les monteurs pour intégrer ce simple fichier texte dans le signal vidéo. Pourquoi ces fichiers texte ne sont-ils pas disponibles sur la ZONE ?

Ils permettraient de mieux trouver ces émissions dans les moteurs de recherche, et ce, sans coût supplémentaire pour Radio-Canada et leurs fourniraient un traffic supérieur ce qui permettrait de rentabiliser la Zone

Lisibilité

La Zone Audio – Video est trop encombrée; trop d’info, trop de titres, trop de détails… trop de tout. La lisibilité de la page en devient difficile. Il y a tellement d’information dans cette page, qu’il en est même difficile de voir les informations relatives au document consulté.

Le problème vient sans doute du choix très discutable d’utiliser un template similaire pour la page d’accueil, pour la recherche ou la consultation des documents vidéos. Il n’y a pas d’adaptation contextuel. Chaque page est composée de la même manière avec sensiblement la même information qui doit être bonne pour chaque contexte. A voir utiliser à toutes les sauces un même template, on finit pas faire trop de compromis… qui ne sont pas à l’avantage de l’usager.

Cette statégie de développement est selon moi à proscrire.

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Je suis très déçu de cette Zone. Radio-Canada a, au sein même de son équipe, toute la compétence nécessaire pour créer un espace vraiment innovant; ce que cette équipe a souvent réussi dans le passé, mais pas cette fois. L’achitecture de cette zone doit être revue… en fonction d’une nouvelle vision.

Radio-Canada a souvent été à l’avant-garde parce qu’elle pouvait compter sur ses possibilités financières, sur ses équipes techniques et journalistiques compétentes, sur sa volonté depuis longtemps exprimée d’avoir une présence forte sur le Web. Mais cela ne suffit plus. Radio-Canada doit probablement changer sa philosophie Web. Sa culture de diffuseur deviendra de plus en plus un frein à sa capaié d’innover, le direction des Nouveaux Médias de la SRC devra apprendre à s’affranchir de cette culture pour développer une vision autonome, disctincte.

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